Le 12 mars dernier, Philippe Beauregard, copropriétaire avec sa sœur Marjorie du Potager Mont-Rouge Halte gourmande, a été nommé lauréat d’une bourse d’honneur du ministère de l’Économie et de l’Innovation de 25 000 $, destinée à stimuler l’entrepreneuriat dans toutes les régions du Québec. Entrevue.
Philippe, vous avez remporté une importante bourse. En quoi consiste-elle et qui peut déposer sa candidature?
C’est une bourse qui vise à encourager l’entrepreneuriat chez la relève. Elle s’adresse aux jeunes de 18 à 35 ans qui souhaitent créer une entreprise ou développer leur entreprise en activité depuis moins de cinq ans. Il faut détenir au moins 50 % de son entreprise et y consacrer au moins 50 % de son temps. Il y avait plusieurs autres critères, mais dans mon cas, ils correspondaient à mon entreprise!
Comment en avez-vous entendu parler?
J’ai reçu l’information dans une infolettre envoyée par un organisme avec lequel nous travaillons. Comme je suis très occupé, je n’avais pas pris d’action pour le dépôt de ma candidature jusqu’à ce que ma sœur me le rappelle, environ une semaine avant la date limite! Et heureusement, parce que à mon grand plaisir, ça a payé! Je l’ai envoyée quelques minutes seulement avant l’échéance…
Et comment se déroule le processus?
D’abord, on envoie un dossier de candidature. Je dois dire que c’était du travail, car beaucoup de questions m’ont amené à réfléchir sur mes objectifs et mes façons de faire. C’est un très bon exercice pour soi-même, très bénéfique! Quand j’ai envoyé mon dossier, je ne croyais pas vraiment en mes chances, mais j’étais quand même content de l’avoir fait.
Surprise, à la fin février, je suis convoqué pour une entrevue, un pitch, au début du mois de mars! J’étais hésitant, parce que c’était pendant ma période d’examens. Je fais présentement un MBA À l’Université Laval, à Québec. J’ai décidé d’accepter, et j’ai été chercher l’aide de l’une de mes profs du cours Esprit entrepreneurial, innovation et créativité. Le projet s’inscrivait d’ailleurs parfaitement dans le cadre de mon cours!
Le jour même, ça ressemble vraiment à l’émission Dans l’œil du dragon. Je présente mon entreprise à cinq membres d’un jury, en cinq minutes. Ensuite, il y a jusqu’à quinze minutes de questions. Avec la nervosité, j’ai bafouillé un peu au début, mais je connaissais très bien mon affaire et j’ai vu des sourires parmi les juges alors ça a bien été! La période de question m’a challengé, parce que je ne m’attendais pas à ce type de questions, mais je me suis bien débrouillé, je pense!
Qu’est-ce qui vous a permis de vous démarquer?
Je pense que ce n’était pas dans le pitch en tant que tel, mais plutôt dans le domaine. L’industrie de l’agrotourisme a le vent dans les voiles et il y a vraiment un intérêt de la part du public pour ça. Les autres candidats étaient davantage dans la technologie. Aussi, on fait face à tellement de défis spécifiques! On est d’abord producteurs agricoles, ce qui est en soi tout un métier, mais à ça on ajoute le côté touristique. Notre passion est dans le champ, mais le public en redemande. Ça demande donc de jongler entre deux mondes et de développer plus d’expertise. Mais je dois dire que j’adore ce que je fais.
Avez-vous des projets prévus avec l’argent que vous a apporté cette bourse?
Comme dirait ma sœur, quand le chèque est arrivé, il était déjà dépensé! On veut travailler sur le volet développement durable de la Halte gourmande. Cette année, on fait l’acquisition de sondes intelligentes pour l’humidité, pour optimiser la gestion de l’eau. Ça va nous permettre de savoir quand irriguer, et quand arrêter, pour éviter la sécheresse ou le lessivage de l’engrais. On souhaite aussi travailler la gestion des matières résiduelles.
Vous faites une maîtrise en administration des affaires. Qu’est-ce que ces études vous apportent?
Mon parcours est un peu compliqué! J’ai commencé avec une technique en génie mécanique au cégep, mais je me suis dit que si je voulais avoir une ferme, j’aurais besoin de connaissances en administration, alors j’ai fait un baccalauréat en agronomie à l’Université McGill. Ensuite, beaucoup de mes proches (mon frère, ma conjointe) étaient encore aux études alors ça m’a encouragé à poursuivre, et ça m’apporte beaucoup dans mon travail sur l’entreprise.
En tant qu’entrepreneur, comment gérez-vous la conciliation travail-études?
J’ai la chance de pouvoir suivre des cours seulement en hiver, quand c’est plus tranquille sur la ferme. Quand je termine ma session, c’est le temps d’aller aux champs! Mon but n’est pas de terminer le plus rapidement possible, mais la beauté de tout ça, c’est de pouvoir mettre en application instantanément les nouvelles connaissances que j’ai acquises! Je ne fais pas la maîtrise pour un titre ou un salaire, mais vraiment pour pouvoir profiter de ces connaissances-là et de mes contacts aussi! Oui, c’est beaucoup de travail parce que je ne peux pas profiter de l’hiver pour recharger mes batteries, mais si j’avais à recommencer, je ne changerais rien!
Photo gracieuseté de Philippe Beauregard, du Potager Mont-Rouge Halte gourmande
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