Produit sous la loupe

Produit sous la loupe : les spiritueux québécois

Au grand plaisir de nos papilles, l’industrie des spiritueux au Québec a littéralement explosé ces dernières années. Les produits que proposent les distilleries d’ici sont avant-gardistes, surprenants, gustatifs ou mieux, diversifiés. Tout cela, on le doit à l’audace des pionnier.ère.s, doublée d’une solide détermination, qui ont osé tracer une nouvelle voie. Du chemin, il y en a de parcouru depuis le premier whisky! Examinons de plus près cette expertise en pleine expansion.

LE B.A.-BA DES SPIRITUEUX
Par définition, un spiritueux est une boisson à fort pourcentage d’alcool obtenue par distillation de matières ayant subi une fermentation. S’ajoute à cela un traitement de raffinement visant à modifier, améliorer ou agrémenter l’aspect du produit. Généralement, sa teneur en alcool varie entre 40 % et 60 %. En d’autres mots, pensez à l’armagnac, au cognac, au whisky, au gin, à la vodka, au bourbon, au rhum et cie.

Une petite visite sur le site de l’Union québécoise des microdistilleries(1) vous en apprend beaucoup, et de façon très détaillée, sur les différentes étapes de fabrication. Brièvement, le processus s’amorce par la préparation du moût (obtenu par les sucres fermentescibles contenus dans les grains, fruits, érable, miel, etc.), arrive dans un deuxième temps la fermentation (sous l’action de levures, les sucres du moût sont transformés en alcool), vient ensuite le processus de distillation (par une ébullition du liquide fermenté, les vapeurs d’alcool sont récupérées, refroidies et liquéfiées) et finalement, le conditionnement et le vieillissement, phase de finition avant que le spiritueux soit embouteillé.

L’histoire de la distillation au Québec: quelques faits saillants(2)

1769 – La première distillerie canadienne voit le jour à Québec: la St. Roc Distillery. Elle produit du rhum à base de mélasse importée.

Fin du 18e siècle – Le whisky québécois voit le jour. Plusieurs distilleries fabriquent elles-mêmes leur malt ou d’autres récupèrent des bières invendues pour les distiller.

1921 – Au Québec, la Commission des liqueurs, ancêtre de la SAQ, est créée suite à l’adoption de la Loi sur les boissons alcooliques, loi qui encadre la production d’alcools dans la province. L’État gère et contrôle dorénavant le commerce des vins et des spiritueux, et émet des permis pour les hôtels et les restaurants.

1999 – Michel Jodoin (Cidrerie Michel Jodoin) démarre la première microdistillerie au Canada, à Rougemont.

2010 à 2014 – S’ajoutent à l’industrie de la distillerie Québécoise, trois autres joueurs: Domaine Pinnacle, Les Subversifs et Domaine Lafrance.

2017 – La dégustation et la vente sur les lieux de fabrication sont maintenant autorisées pour l’ensemble des microdistilleries.

Le pari des microdistilleries d’ici

La richesse bien distincte de notre territoire fait indéniablement partie de l’équation lors de la création de produits de chez nous. En effet, les saveurs régionales viennent ponctuer, accentuer, voire signer l’unicité des alcools qui se façonnent chez nos artisan.e.s. Ils y arrivent en repoussant toujours les limites, en utilisant des matières premières, parfois d’une évidence, parfois originales. Les spiritueux que voici en sont de bons exemples:

Sirop d’érable: l’Acérum (pour les curieux, c’est une eau-de-vie d’érable!), vin de type vermouth;
Ingrédients boréaux: gin nordique (fait de poivre des dunes, thé du Labrador et thé des bois);
Pomme: brandy, vermouth, eau-de-vie, mistelle, cidre fortifié;
Miel: gin, apirum (rhums alternatifs faits à partir de miel!), brandy, eau-de-vie;
Petit fruit: vodka de cassis;
Poire: poiré de glace;
Vin: vermouth.

Il faut savoir que les spiritueux du Québec sont produits en distillerie ou en distillerie artisanale, dite microdistillerie, soit un lieu de fabrication à quantité limitée. Partout en province, on en dénote une cinquantaine établies dans 15 régions différentes!(2)

Fun Fact: saviez-vous que les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ) sont maintenant garnies par plus de 300 spiritueux?(2)

L’appellation « Origine Québec »

Il est fort possible que vous ayez pu voir cette bannière sur une ou plusieurs bouteilles, notamment à la SAQ. Créée en 2014 puis redéfinie en 2018, cette dernière est dorénavant réservée aux produits élaborés par des artisan.ne.s québécois.e.s, incluant des ingrédients cultivés localement.(3)

Sinon, les produits faits à partir d’alcool importé, de l’Ontario par exemple, mais composés majoritairement d’ingrédients québécois seront présentés sous la bannière « Préparé au Québec ». À noter que l’alcool doit avoir été distillé à nouveau dans la province pour l’octroi de ce libellé, tout le contraire des spiritueux étiquetés « Embouteillé au Québec » où ceux-ci sont uniquement assemblés et mis en bouteille par une entreprise locale.(4) Tout est une question de transparence! Les producteur.trice.s travaillent fort pour qu’il n’y ait plus d’ambiguïté à l’achat. Ce à quoi contribue, en partie, l’appellation « Origine Québec ».

Propulsée par la même volonté, l’Union québécoise des microdistilleries œuvre parallèlement à faire reconnaître deux nouvelles appellations réservées, également connues sous indication géographique protégée (IGP). Une désignation qui permettra d’identifier les produits alimentaires (dans ce cas-ci, les spiritueux) impliquant les étapes de production et de transformation sont réalisées au Québec et qui se démarquent des autres produits de même catégorie par des caractéristiques uniques.(7)

Au moment d’écrire ses lignes, les demandes des IGP Spiritueux 100 % Québec et Acérum du Québec sont toujours en cours.(5) Si elles arrivent à voir le jour, ces plus récentes appellations réservées s’ajouteront aux huit autres, dont l’Agneau de Charlevoix, le Cidre de glace, le Vin du Québec, le Vin de glace du Québec, le Maïs de Neuville ainsi que la plus récente, le Fromage Fermier.(6)

Road trip façon distilleries du Québec

Il n’y a pas que vos papilles qui voyageront grâce aux spiritueux! La route des Distilleries fait sortir votre esprit explorateur en vous emmenant à faire du millage sur les routes du Québec en « avalant » les kilomètres jusqu’à directement saluer les créateur.trice.s de vos alcools favoris. Au total, 12 itinéraires de bitume sillonnent la province. Chacune d’elle est présentée sous une thématique, telle que la Complètement urbaine (distilleries de la région de Montréal), De l’estuaire (producteur.trice.s du Bas-Saint-Laurent), Des belles histoires (dans les Laurentides) ou Des draveurs (en Mauricie). Une façon ludique de s’orienter selon vos goûts ou vos envies.

Il vous suffit de télécharger la carte interactive, de réserver votre visite et de vous lancer vers des découvertes hors de l’ordinaire. Faites de vos escapades gustatives des expériences inoubliables teintées d’exquises saveurs et de rencontres marquantes. Puisque c’est ce qui se cache derrière chaque gorgée de spiritueux local, la réunion entre deux mondes, le vôtre et celui d’un.e passionné.e.

Sources:
(1)L’Union québécoise des microdistilleries, Notre savoir-faire, 2022
(2)L’Union québécoise des microdistilleries, Distillerie du Québec, 2022
(3)La Presse, Les produits québécois mieux identifiés par la SAQ, 4 juin 2020
(4)Les Affaires, Avez-vous étiqueté nos distilleries comme les autres? 16 juin 2021
(5)L’Union québécoise des microdistilleries, Nos spiritueux, 2022
(6)Conseil des appellations réservées et des termes valorisants, Appellations reconnues, 2022
(7)Conseil des appellations réservées et des termes valorisants, Qu’est-ce qu’une appellation réservée, 2022

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